📰 ENTRE DEUX – LA NAISSANCE 🏀
 Tout a commencĂ© le Dimanche 9 mars. Ce jour-lĂ , je publiais un visuel pour fĂ©liciter quatre arbitres français en mission sur la scène EuropĂ©enne. Mission accomplie… enfin, c’est ce que je pensais….
Quelques heures plus tard, Thomas Roch me signale un oubli : un 5ème arbitre Français était aussi en examen, en Italie, lors de l’EuroCup 2. Mais pas seulement… Il passait son examen international et par la même, valider son diplôme d’arbitre international IWBF Europe.
Cet arbitre, je le connais bien. À chaque tournoi, chaque événement, nous passons du temps ensemble à échanger sur notre passion commune. Alors, lundi matin, on a décidé d’aller plus loin : et de réaliser des échanges en visio, spontané, authentique.
C’est ainsi qu’est nĂ© “ENTRE DEUX” – un format oĂą deux acteurs du basket fauteuil discutent de tout… et de rien, mais surtout de ce qui les anime. Voici l’épisode #1. 🚀
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D: Dimitri ZITTER -arbitre international Basket Fauteuil Français
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M: Mykyta NAUMOV – ancien international Ukrainien , charge de communication de la Commission FĂ©dĂ©rale Basket Fauteuil FFH
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C’est parti …
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M : Bon, bonjour Dimitri. Félicitations encore une fois ! 🙂 On s’est eu par SMS, par téléphone, mais maintenant, c’est officiel : félicitations, tu deviens le 7ᵉ arbitre international français en activité ! Et apparemment, tu as vécu un super week-end ?
D : Très bon week-end, parfait, c’était super sympa. L’organisation était au top, les matchs serrés… C’était cool.
M : Eh oui, on peut constater que la France compte un arbitre international de plus depuis ce week-end ! Je te propose donc de commencer notre interview. D’habitude, je suis à ta place, (lol), mais aujourd’hui, on lance une nouvelle série, « Entre Deux », et c’est toi qui ouvres le bal. C’est aussi une nouveauté pour moi !
On se connaît depuis combien de temps ? 10-12 ans, je crois. À l’époque, je jouais encore, et toi ?
D : Bah oui, 12 ans, depuis que j’ai commencé à arbitrer.
M : Oui, oui, mais d’abord, je connaissais ton père. Toi, tu as commencé tout en bas, en Nationale 2, qui est maintenant la Nationale 3.
D : Exactement, j’ai commencé tout en bas de l’échelle. Pendant cinq ans, j’étais dans le secteur Ouest.
M : Parle-moi un peu de ton parcours dans le Handisport et le Basket Fauteuil en général.
D : Oui, donc j’ai commencé il y a 12 ans, grâce à mon père, qui a rencontré un arbitre de haut niveau à l’époque lors d’une manifestation, « Jeux d’Avenir ». Mon père est d’ailleurs devenu arbitre en Basket Fauteuil avant moi. Pour l’info, on était déjà arbitres de basket valide tous les deux.
Un jour, il m’a demandé de l’accompagner pour un match au Mans et d’essayer d’arbitrer avec lui sur une rencontre amicale. L’histoire a commencé comme ça, et petit à petit, j’y ai pris goût.
Après cinq ans en bas de l’échelle – et à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de formations pour les jeunes arbitres, personne ne nous voyait, c’était plus compliqué qu’aujourd’hui –, des choses ont été mises en place par la commission, et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à progresser et à monter en niveau.
J’ai fait un an en Nationale C (qui est devenue la Nationale 2 aujourd’hui), une année en Nationale 1, puis je suis monté en Élite tout de suite après. Cette année a été une concrétisation, puisque j’ai été nommé premier arbitre en Élite.
Mais j’avais cette sensation que l’histoire n’était pas bouclée. Surtout, je ne voulais pas avoir de regrets, alors j’ai décidé de tenter l’échelon supérieur et de passer mes tests pour l’international. En septembre 2024, après notre regroupement à Vichy, j’ai déposé ma candidature auprès de la commission fédérale.
M : Oui, j’étais là aussi ! C’était quelque chose qu’on n’avait jamais organisé auparavant en France, et je ne pense pas que d’autres pays le fassent non plus.
Un regroupement, au même endroit, de tous les arbitres en début de saison pour passer leurs tests, avec deux tournois de niveaux différents en appui pour permettre aux arbitres d’évoluer. Il y avait aussi un colloque pour les entraîneurs et les présidents, avec les membres de la commission et des intervenants extérieurs.
Un grand événement pour le basket fauteuil, qui devrait être reconduit l’année prochaine si je ne me trompe pas !
D : Oui, oui, c’était inédit. Et donc, après cet événement et le dépôt de ma candidature, je me suis donné les moyens : j’ai pris des cours d’anglais depuis cinq mois, je me suis remis en forme avec un plan physique pour être prêt… Bref, j’ai bossé dur pendant cinq mois, et écoute, ça a payé !
Je suis arrivé totalement prêt, et tout s’est bien passé et… comment dire ? C’est top !
Dimitri est un collègue que j’ai connu en arrivant dans le Basket Fauteuil et qui était plutôt en mode « roue libre » en faisant le minimum. Par la suite, il a voulu gravir les échelons et a travaillé pour y arriver, d’abord en FFH et maintenant en IWBF. Je lui ai confié le poste de référent de zone pour les arbitres territoriaux et il s’y investit pleinement. Il est dans l’échange constructif et non destructif. Bref, un bon mec.
Philippe MORIN (sous-commision arbitrage)
M : Oui, j’ai bien vu les changements à Limoges pendant la Coupe de France, notamment ta transformation physique. Après, je ne peux pas vraiment juger, car je ne suis pas arbitre… mais je suis bien connu des arbitres, lol.
En tout cas, je t’ai trouvé très bien pendant ce tournoi !
On est partis un peu loin… Donc si je comprends bien, l’arbitrage, c’est un family business ?
D : J’ai commencé l’arbitrage à 14 ans en basket valide, parce que je jouais au basket et que j’étais en sport-études.
Tu sais, j’ai passé la formation pour arbitrer et mieux comprendre le jeu. Et un an après, mon père m’a suivi et a passé son examen.
Et comme tu vois, pour l’handisport, c’est l’inverse : c’est lui qui est entré dans la boucle en premier, et je l’ai suivi après. Donc, oui, on peut dire que c’est une family business !
M : On passe à la question suivante, parce que je ne savais pas que tu t’étais autant préparé pour cet événement ! C’était une vraie surprise… mais apparemment, c’est surtout moi que ça a surpris.
D : (rit)
M : Alors, raconte-moi comment s’est passé ton premier match pendant ton examen. Quelles équipes as-tu sifflées ?
D : Attends… je ne me rappelle plus… Ah oui ! C’était BSR Valladolid contre Sheffield Steelers. C’était l’un des seuls matchs qui n’étaient pas disputés. Ça a tenu une mi-temps, mais après, il y a eu un grand écart jusqu’à la fin du match.
On a quand même la chance, en France, d’avoir un bon niveau de championnat. Et quand nous, les arbitres français, on arrive sur ce type de tournoi, on est plutôt prêts. Au final, ça s’est passé assez simplement : j’ai été validé dès mon premier match, en fait.
M : Et l’ambiance, c’était comment ? Les joueurs ou les entraîneurs n’étaient pas trop chants avec toi ?
D : Franchement, non. J’ai trouvé que ça change complètement du championnat de France. Les joueurs sont là pour jouer au basket, ils ne t’adressent même pas la parole.
On arrive 20 minutes avant le match, ils sont concentrés sur leur jeu et leur objectif : gagner. Ça s’est passé assez simplement, sans vraiment de discussions ni de débats sur le terrain.
M : Après, tu évoluais sur l’EuroCup 2, donc le niveau est quand même élevé, il y a de belles équipes… mais parfois, les émotions prennent le dessus aussi. Je le sais, je l’ai vécu de l’autre côté, en tant que joueur.
J’ai même déjà vu, dans cette même compétition, des prises de tête bien chaudes entre des joueurs d’une même équipe ! Ça reste du sport, c’est une compétition, et on est tous là pour gagner.
Attention, je ne justifie pas ce genre de comportement !
« Dimitri,
Depuis ses dĂ©buts, je l’ai eu avec Jean-Pierre Bourjeault dans le GEP, le 1er groupe de formation du Basket Fauteuil qui Ă©tait dirigĂ© par Jean-Pierre et moi.
Après l’arrĂŞt de la formation de Jean-Pierre, j’ai repris le groupe et Dimitri a continuĂ© sa formation pour arriver Ă arbitrer en National A.
Cela fait bientĂ´t 2 ans que l’on veut le prĂ©senter Ă l’examen international avec CĂ©line Villard.
Il a Ă©tĂ© difficile pour lui de se prĂ©parer car il a dĂ» perdre du poids et prendre des cours d’anglais.
Il a fait tous les sacrifices pour se prĂ©parer et lorsqu’il a fallu le prĂ©senter, Dimitri nous a dit : « C’est le moment ». On l’a testĂ© avec la sous-commission et Philippe Morin a demandĂ© Ă StĂ©phane BenoĂ®t l’autorisation.
Je suis fier que Dimitri, qui a eu une formation complète par la commission basket fauteuil, ait aujourd’hui rĂ©ussi Ă devenir arbitre international Zone grâce Ă son investissement.
Je suis fier d’avoir, depuis des annĂ©es, participĂ© Ă sa formation. »
Chamsyr Tahaibaly
M : Et tes collègues ? Je crois que tu étais plutôt bien entouré ce week-end ! Et dis-moi, est-ce que tu as été le seul à passer l’examen ?
D : Non, non, il y avait aussi une deuxième candidate, Enni Alm, une Finlandaise. C’était un peu plus compliqué pour elle, car son championnat est forcément plus faible que le nôtre et il y a moins de matchs qu’en France. Mais elle a réussi à valider sur son deuxième match.
Après, j’ai eu la chance d’être entouré par de très bons arbitres expérimentés, et certains parlaient bien français, ce qui m’a aidé aussi, je ne vais pas le cacher.
Il y avait Carsten Rehling, l’Allemand qui a fait les trois derniers Jeux Olympiques, je crois, ainsi que les derniers Mondiaux. Il y avait aussi un Belge francophone, Christophe Giroulle, une Bosniaque et un Italien. Une vraie équipe internationale, quoi !
J’ai aussi eu la chance d’accompagner une fois l’équipe de France au Maroc pour un tournoi, et c’est là -bas que j’ai rencontré mon examinateur, le Turc Nurretin Bilmez. Ça a été une vraie opportunité pour moi.
En plus, la deuxième examinatrice, Clara Baquero, je l’avais déjà rencontrée il y a deux ou trois ans lors de l’EuroCup 2au Puy-en-Velay. À l’époque, j’avais remplacé un arbitre turc qui n’avait pas pu venir au dernier moment, et elle était là en tant qu’examinatrice. Elle me connaissait déjà et m’avait vu progresser, je pense.
 M : Donc, il y a deux ans, tu as fait l’expérience d’un EuroCup sans même être encore arbitre international ?
D : Exactement ! Je savais à quoi m’attendre.
M : Oui, on peut parler de chance et d’expérience qui t’ont aidé, mais sans oublier le travail et les sacrifices que tu as faits pour y arriver !
Et en parlant d’examen, comment ça se déroule ? Beaucoup de pression ou pas ? Parle-moi un peu.
D : Alors, on commence par le voyage. Je suis parti jeudi, j’ai fait Nantes – Venise en avion et je suis arrivĂ© Ă midi Ă Venise. Je ne savais pas exactement comment ça allait se passer.
Je savais juste qu’il y avait d’abord un QCM : 30 questions en 30 minutes, avec un maximum de 7 erreurs autorisées. Et si tu ne passes pas cette étape-là … c’est back home.
Avec Enni, on a appris à 19h que l’on allait passer notre QCM à 21h, dans une salle de l’hôtel. C’était le moment que je redoutais le plus. Je n’ai jamais été aussi stressé de ma vie. Depuis deux semaines, la pression montait, et ce QCM me faisait tellement peur…
Finalement, je l’ai réussi avec 4 fautes (ce qui est plutôt une bonne note).
La deuxième étape, c’était le lendemain matin, vendredi. On a passé notre test physique dans le gymnase, devant tout le monde. Et honnêtement, il était plus dur qu’en France.
M : En France, vous faites le 30/15, je l’ai déjà vu. Et là ?
D : Là , c’est plus un effort en continu, tout le temps en train de courir avec des changements de rythme constants. C’est bien plus usant.
Mais je m’étais préparé : je courais tous les jours depuis trois mois, donc j’étais prêt. Pour moi, ces deux premières épreuves étaient les plus stressantes.
L’arbitrage en lui-même, c’était presque une formalité. Il suffisait juste que j’arbitre comme je sais le faire… et comme tu vois, ça s’est bien passé.
M : Et quelle a été ta première réaction quand tu as su que ça y est, tu étais officiellement arbitre international ?
D : En fait, on ne réalise pas tout de suite. Je pense que j’ai vraiment pris conscience hier (dimanche 9 mars 2025), en rentrant chez moi.
Quand je suis arrivé, des potes et ma famille m’attendaient à la maison. Ma femme avait organisé une petite soirée.
Non, je pense qu’il faut une petite semaine pour réaliser cette réussite. Ce n’est pas quelque chose que tout le monde peut accomplir… même si je le leur souhaite, parce que quand on se fixe des objectifs, on finit par y arriver.
M : Quel a été le moment le plus difficile de ton parcours pour arriver là où tu es aujourd’hui ?
D : En toute honnêteté, le plus difficile, c’est d’entendre que l’aspect physique peut parfois passer avant tes compétences d’arbitrage.
Ne pas pouvoir passer un examen ou participer à telle ou telle compétition parce qu’on est potentiellement en surpoids, parce qu’on a une barbe ou des tatouages… je ne sais pas.
C’est ça qui m’a le plus frustré et qui m’a poussé à prendre les choses en main en septembre. Et je pense que je suis le premier arbitre international avec une barbe !
M : (rit) Je vais quand même vérifier, je vais fouiller dans les archives et faire une recherche sur les open sources !
M : Et en dehors du basket, tu fais quoi dans la vie ?
D : Dans ma vie, j’ai un job qui me prend beaucoup de temps. Je suis responsable d’affaires et je gère le business dans une société spécialisée dans les gros travaux électriques partout en France.
Je m’occupe du commerce, du développement, je suis les chantiers… C’est un peu comme si je gérais une entreprise dans une entreprise.
C’est donc un travail à plein temps, voire plus. Mais j’ai réussi à dégager du temps pour me préparer à cet examen, et ça aussi, c’était un gros défi… comme gérer mes chantiers.
M : Et la famille ?
D : J’ai la chance d’avoir une famille qui me soutient. Ma femme m’a toujours connu dans l’arbitrage et dans le basket.
Mes enfants sont passionnés de sport, donc ils sont tous derrière moi. Ça aide énormément et ça rend tout plus facile.
M : Maintenant que tu es arbitre international, c’est quoi ton prochain objectif en basket fauteuil ?
D : Je ne vais pas mentir, je pense que j’ai perdu quelques années à cause de cet aspect physique.
Maintenant, je suis peut-être prêt pour d’autres sacrifices… même tailler ma barbe, si un jour je tente l’examen pour devenir arbitre mondial (IWBF World).
On m’a fait comprendre que j’ai du potentiel pour ça. Donc on va attendre une ou deux années, voir comment ça se passe, et avancer step by step.
M : Y a-t-il une rencontre ou un joueur qui t’a particulièrement marqué dans ton parcours en basket fauteuil ?
D : Celui qui m’a marqué, c’était lors d’un de mes premiers matchs à haut niveau, à l’époque à Meylan, quand j’ai rencontré Zouhir CHALLAT, double amputé.
Ensuite, on s’est recroisés au Maroc, lors d’un tournoi. (Zouhir est international marocain et aujourd’hui joueur de l’Élan Chalon.)
Il y a une sorte de lien qui s’est créé entre nous, et j’ai été vraiment surpris par ses compétences et ses qualités physiques, surtout quand tu arrives dans ce monde. Son engagement est incroyable, et en plus, il est cool.
Sinon, ce qui m’a marqué, ce sont les événements au Maroc… c’était fou. Les EuroCup aussi, c’est une expérience unique, ça marque forcément.
Et en rêvant un peu sur mes objectifs, j’aimerais bien arbitrer la finale du championnat de France maintenant. Après l’EuroCup et la Coupe de France, ce serait un beau challenge pour cette belle année 2025.
M : Attention, petit message pour Philippe MORIN, responsable de la sous-commission arbitrage : Dimitri aimerait bien faire la finale du championnat de France ! Si tu nous lis, bien Ă©videmment…
Et en parlant de Zouhir, c’est quelqu’un que je connais très bien. On a joué cinq ans ensemble à Villefranche-Meyzieu à l’époque (2009-2014), jusqu’à la fin du club.
Moi, j’arrivais en France, lui, il commençait. Ce qui m’a toujours impressionné chez lui, c’est sa motivation et son engagement. Il venait même en train aux entraînements et aux matchs de Lyon à Villefranche avec son fauteuil de basket, car au début, il n’avait que celui-là .
Quand on voit où il est aujourd’hui et tout ce qu’il a accompli, c’est un véritable exemple pour les jeunes joueurs, pour la nouvelle génération.
D’ailleurs, c’est l’occasion : on te passe le bonjour, Zouhir, avec Dim ! À très vite !
 M : As-tu une anecdote à raconter sur ta carrière en basket fauteuil ?
D : En 2018, la commission m’a demandé d’accompagner l’équipe de France pour un tournoi au Maroc. J’étais tellement heureux d’y aller !
Dans ma tête, un événement international devait être organisé à la perfection. Mais quand je suis arrivé à l’aéroport, personne ne m’attendait… Tu sais, comme dans les films où quelqu’un te reçoit avec ton nom sur une tablette ? Eh bien, là , rien du tout.
En allumant mon téléphone, j’ai eu 70 € de hors forfait juste pour contacter quelqu’un de l’organisation afin qu’on vienne me chercher. Et au final, c’est moi qui suis parti à la recherche du mec censé m’accueillir… Il était sur le parking, et j’ai mis 45 minutes à le trouver ! C’était fou.
Ce jour-là , j’ai redescendu de mes rêves : OK, ça peut arriver partout.
Et toi, une petite histoire ?
M : Pas mal, pas mal !
Moi, ça m’est arrivé avec Zouhir. On en parlait tout à l’heure… C’était lors d’un voyage pour une EuroCup, je ne me rappelle plus exactement où. Le club avait acheté les billets, mais il y avait eu un souci avec la demande d’assistance.
Si, en partant de Lyon, tout s’était bien passé, en Allemagne, à Francfort, Zouhir n’était pas déclaré comme passager en fauteuil roulant… Résultat, on l’a carrément porté du terminal jusqu’à son siège, comme un sac à dos !
Nous, on a bien rigolé, mais les autres passagers… Ils étaient KO en nous regardant faire !
D : Ah, ces moments-là , j’adore !
J’aime aussi quand je suis invité aux stages de l’équipe de France pour arbitrer pendant leur préparation. Ce que je préfère, ce sont ces moments off-court, où on peut briser cette barrière joueur-arbitre et partager des instants sympas avec les joueurs et le staff.
Je suis quelqu’un d’humain et j’adore ça.
M : On continue ! Quel serait ton match de rĂŞve Ă arbitrer ?
D : Une finale des Jeux Paralympiques, France – États-Unis… Peut-ĂŞtre en 2028 ?
M : Quel message voudrais-tu passer aux jeunes arbitres qui commencent ou qui pensent essayer le basket fauteuil ?
D : Mon message, c’est que la porte leur est grande ouverte.
Il faut comprendre qu’aujourd’hui, on manque d’arbitres en général, dans tous les sports. Il faut se fixer des objectifs et se donner les moyens d’y arriver.
Dans notre discipline, il n’y a pas de niveau départemental ou régional. On commence directement au niveau national, et c’est déjà un bon niveau.
Donc en travaillant, on peut toujours atteindre le haut niveau. Moi, par exemple, j’ai travaillé longtemps dans le Groupe Potentiel. J’ai passé cinq ans à me filmer tous les week-ends avec ma petite caméra, à faire des débriefs vidéo… Et je pense que le travail paye.
Alors welcome to the new referees ! Et on est lĂ pour les aider.
M : Tu me disais que quand tu es arrivé dans le monde du basket fauteuil, il n’y avait pas beaucoup de formations. Mais c’était il y a plus de dix ans déjà …
Ce n’était pas le même monde. Le basket a changé, tout devient de plus en plus professionnel, et c’est chouette de voir comment ça évolue.
Peux-tu me parler des choses mises en place par la sous-commission arbitrage ces dernières années pour faire progresser et détecter les jeunes arbitres (et pas que les jeunes) ? Notamment le Groupe Potentiel, que tu as déjà évoqué.
D: Quand je suis arrivé, il n’y avait quasiment rien.
Il y avait juste un rassemblement à Bourges au début de la saison, uniquement pour les arbitres. Aucune formation spécifique n’existait.
On est arrivés à peu près en même temps, moi, Kero Colliot, Grégory Bonhoure et encore deux ou trois autres personnes. C’est à ce moment-là que la sous-commission a créé le GEP – Groupe Potentiel, en vue des Jeux de Paris 2024, pour former des arbitres. Ce groupe a ensuite été complété par d’autres jeunes comme Pierre Charrier, Rémy Janouschewski, Ludivine Mortaigne, Florence Gourg… J’en oublie peut-être, sorry for that !
Depuis 2018-2019, ce groupe a suivi une vraie formation :
- On a fait des QCM,
- On a filmé et débriefé nos matchs,
- On a eu des sessions de travail et des Ă©changes en visio,
- On a participé aux stages des équipes de France.
On était les premiers à bénéficier de cette structure. Depuis, ils ont continué à la faire évoluer. Aujourd’hui, il y a toujours ce groupe, avec des gens qui entrent et qui sortent. Ils font même plus de travail que nous à l’époque, car tout a progressé :
- Il y a des visios tous les deux mois,
- Des QCM et des tests vidéo mensuels sur des plateformes en ligne.
Avec le Covid, certaines choses se sont démocratisées, comme les visios, alors qu’avant, on ne les utilisait pas.
Je suis aussi depuis peu l’un des référents d’arbitrage pour la zone Ouest. Avec les messageries comme WhatsApp, on a créé nos propres groupes d’échange. On reste connectés en permanence : par exemple, on s’envoie directement les scores des matchs après chaque rencontre pour les partager.
Tout cela permet d’avoir une vision commune du jeu et d’arbitrer de la même manière, avec la même image du basket.
Aujourd’hui, la formation est vraiment top en France, et ça se ressent au niveau international. Nous sommes 7 arbitres internationaux, dont une formatrice internationale, CélineVillard. Et ce n’est pas fini…
 M : On arrive presque à la fin… Un petit bonus !
On se connaît depuis des années : tu as toujours été arbitre, mais moi, j’ai changé de statut, passant de joueur à référent régional en Bourgogne-Franche-Comté et chargé de communication pour la commission. C’était comment pour toi ? Difficile de m’arbitrer ou pas ?
 D : Ah, Myky… Tu as Ă©tĂ© difficile Ă arbitrer sur les deux premiers matchs, mais après, on apprend Ă
Te connaître. Tu passais pas mal de temps avec les arbitres, donc au début, on pouvait avoir un peu peur du « grand ogre » (rires), mais ensuite, on découvre l’homme derrière le joueur. Et là , c’est beaucoup plus facile à arbitrer. Mais bon, t’es un grand malin quand même !
M : Mais ça, c’était avant ! Maintenant, je joue presque plus, juste pour moi, pour m’entretenir en Nationale 3.
D : C’est vrai, mais à l’époque, tu m’avais bien eu sur certaines choses. J’étais jeune arbitre à ce moment-là … J’aimerais bien t’arbitrer aujourd’hui, avec mon niveau actuel !
M : Un jour, peut-être… mais pas sûr ! Tu me préfères où ? Sur le terrain, au bord du terrain en tant qu’entraîneur, ou dans mon rôle actuel au sein de la commission ?
D : Pour moi, ce sont des choses incomparables ! C’est comme si tu me demandais si je préfère ma fille ou mon fils… (sourire).
Non, j’aime la personne Myky, et tout ce que tu fais. Tu mets en valeur notre discipline, et ce que tu réalises donne envie aux gens de s’intéresser à notre sport. J’apprécie Myky sur le terrain… mais peut-être encore plus en dehors.
M : Merci, Dim ! On va terminer sur ces belles notes d’amitié. Merci pour ta disponibilité et encore félicitations ! Rendez-vous très vite sur le terrain, et surtout, ce n’est que le début d’une nouvelle aventure pour toi… On verra où ça t’emmèneras dans deux ou trois ans !
VISIO ZOOM 11h00 – 10 mars 2025
KEEP ROLLIN’
Mykyta NAUMOV.